Citation de Christian Bobin ce soir.
Un peu de mystique, un peu d'emphase, la formule est facile, mais permet de relativiser un peu sa vie et sa vision des autres.
Au premier degré, la citation nous rappelle que la souffrance est la chose la mieux partagée en ce monde. Tout le monde dans sa vie touche le fond plus d'une fois, ou en est persuadé au mois. Mais les enfers comme les abîmes sont subjectifs : la comparaison n'a aucun sens, les faits ne sont pas pertinents, l'intensité du drame et de la douleur est psychologique. La fin d'un monde, l'absence d'espoir,, d'issue favorable ou même d'amélioration, toutes ces psychoses ne sont que dans nos têtes. Mais quand elles y sont, les tourments sont sans fin. Bref, tout le monde passe par là, mais personne n'aime en parler, on préfère taire ces passages, ce qui fait croire aux autres que tout va bien, voire qu'on va mieux qu'eux.
Le piège est là d'ailleurs : on croit toujours que l'autre s'en sort mieux que nous. On croit toujours être le seul à souffrir autant. On voit les autres plus forts qu'ils ne sont, on pèche par ignorance vu qu'ils ne nous confient pas leurs tourments, et que nous sommes préoccupés par nous-mêmes pour les imaginer. Il est bon de rationaliser parfois, de prendre un peu de recul, et de réaliser que les autres connaissent aussi leurs enfers, et les traversent ou les ont traversés... peut être en serrant les dents, mais plus certainement en pleurant, en abandonnant ou en se croyant abandonné et perdu.
Dernier point : la citation s'applique aussi pour nous, que nous prenions le temps de nous regarder dans un miroir ou pas. Comme les autres, nous avons aussi notre enfer à traverser, plusieurs fois. Nous pouvons y trouver là une source d'espoir : déjà nous ne sommes pas seuls. Tout le monde connaît cette phase, elle n'est pas unique, nous ne sommes pas l'élu de la Souffrance, nous pouvons tisser des liens invisibles d'une solidarité silencieuse... c'est toujours mieux que rien, et psychologiquement ça peut faire la différence. Et cette phase n'est pas unique non plus dans notre vie : nous traversons plusieurs fois l'enfer, nous toucherons plusieurs fois le fond. Logiquement, on en ressort :) Et c'est sans doute cette expérience qui nous permet d'affronter de mieux en mieux les épreuves de la vie, de mieux les gérer émotionnellement.
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