Réflexion tirée de Weeds ce soir :)
J'ai trouvé l'idée intéressante, à creuser donc.
Face à un échec, à un malheur voire même face à un simple manque, les hommes cherchent souvent une cause extérieure, une explication qui évite toute remise en cause. Mécanisme classique de la conscience : on doit vivre toute notre vie avec nous mêmes, donc autant faire en sorte que notre cohabitation interne se passe bien.
Du coup, pourquoi les désœuvrés auraient inventé la solitude?
Je viens de le dire :) Pour ne pas voir les causes (et les remèdes) qui sont en eux-mêmes. Il est plus facile d'accuser la solitude que d'accuser son manque d'entrain et son manque d'activité. En pointant du doigt la solitude, on lui donne corps : notre source de malheur n'est plus l'inactivité, mais la solitude. Le problème ne vient plus de nous, mais des autres, de leur absence. Nous faisons porter le poids de notre mélancolie sur les autres. Et du coup, malheureusement, nous cherchons alors le remède chez les autres. Nous pensons que les autres, que notre entourage sera un pilier essentiel à notre bien-être, à notre bonheur.
Il y a sans doute du vrai derrière tout ça. Les personnes hyper-actives, voire simplement actives, ne se soucient pas de leur solitude. Elles avancent, c'est tout. Elles ont suffisamment d'énergie en elle pour progresser sans devoir se reposer sur d'autres. Les passionnés ne cherchent pas la compagnie, ils cherchent à vivre leur passion, la création (artistique ou autre) est oeuvre solitaire. Et à la limite, cette énergie va attirer quelques personnes dans son sillage, et ces personnes vont se retrouver de fait entourées. L'énergie est charismatique. Ces personnes ont donc 2 raisons de ne pas connaître la solitude : elles s'en moquent -elles n'ont aucun vide à combler-, et elles ne sont pas seules.
D'un autre côté, ignorer la solitude faute de temps, à cause de multiples activités, c'est un peu comme ignorer le bonheur lorsqu'on lutte pour sa survie. Les priorités animales reprennent le dessus rapidement lorsque le besoin s'en fait sentir : c'est l'instinct de survie. Lorsqu'on lutte pour sa survie, pour sa nourriture, pour sa sécurité, tout le reste devient secondaire : solitude et bonheur.
L'activité est elle donc un masque plus ou moins choisi qui nous détourne d'une vie plus profonde, d'un regard moral plus acéré ou bien est elle le prolongement de soi, notre propre réalisation?
On peut commencer par distinguer différentes activités : certaines plus futiles que d'autres, certaines plus altruistes, certaines plus en accord avec nous mêmes, avec notre moi profond. Lorsque l'activité est passion, cela signifie sans doute que nous avons trouvé notre place dans cette vie, que nous nous réalisons au travers de celle-ci. Mais ceci ne doit concerner qu'un faible nombre de personnes, qui se dévouent à leur passion.
Le reste des activités n'est qu'occupation, ou distraction. On peut certes s'épanouir de cette manière, avec cette fuite en avant du toujours plus : la pause est interdite, ou de courte durée, car elle renverrait à une certaine mélancolie.
Chercher la présence des autres peut être une activité comme les autres si l'objectif n'est que de s'occuper. On échange nos ennuis, on fait passer le temps...
Au final, la solitude c'est se retrouver seul avec soi-même, et ceci n'est pesant que lorsque nous sommes de mauvaise compagnie : nous en recherchons alors une meilleure.
C'est plus simple que d'essayer d'être de bonne compagnie. Pour ceci, il faut soit disposer de cette sagesse intérieure ou d'une quelconque croyance qui nous comble, pour ne rien devoir aller chercher hors de soi, et être ainsi capable de savourer la vie, en spectateur acteur, soit disposer de cette énergie qui nous pousse à la curiosité, à la découverte et nous alimente sans cesse en énergie.
Mais bon, dans les deux cas je n'offre que des visions égocentriques, comme si je partais du principe que la source du bien-être (pour ne pas dire bonheur) devait être interne. Avec cette hypothèse de départ, la solitude est forcément futile puisqu'elle n'est que la conséquence de notre imperfection, de notre incapacité à trouver en nous-mêmes notre paix intérieur, notre apaisement, notre bien-être, notre moteur...
Mais on peut aussi bien adopter une vision plus sociale du monde, moins individualiste, ou chacun n'est là que pour aider les autres, ou nous reconnaissons faire tous partie d'un même univers. Et avec cette vision, la solitude prend tout son sens, elle n'est plus incapacité personnelle à combler un manque, elle est le constat d'une brisure qu'il faut s'évertuer à réparer...
Conclusion étrange je trouve : la première interprétation pousse à accepter sa solitude et à trouver des ressources internes pour changer, pour apprivoiser sa solitude et la dépasser, et la seconde interprétation pousse à essayer de changer le monde autour de soi, et à se changer, pour re-créer des connexions
Sommes nous des êtres par nature complets : notre vie doit viser alors à atteindre cette complétude,
ou sommes nous des êtres incomplets : notre vie doit se tourner vers la création de liens pour viser cette complétude à plusieurs, et chercher à se compléter (par une âme sœur, des amis ou de simples rencontres) ?
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