Sujet d'actualité ce soir, suite aux critiques sur Onfray Vs Hanouna. Ou comment la pensée unique se répand... et comment on voit qu'elle est absence de pensée.
Rappel de quelques éléments : Onfray donne une interview dans laquelle il synthétise ses idées : pour lui, il y a une sorte de déclin de la société qui explique dans une certaine mesure la montée du terrorisme. Ensuite, on extraie une phrase de son interview, on la déforme un peu au passage, et on se moque des raccourcis que fait le philosophe.
Voila à quoi on est réduit.
Même chose le lendemain avec une formule du premier ministre mêlant dans la même phrase explication et excuse.
Qui fait le plus de raccourcis au final?
Il suffit de poser la question pour que la réponse soit évidente...
Notre société est tournée vers l'instantané, y compris pour les raisonnements : il faut aller à l'essentiel, il faut que les concepts soient rapides à saisir. On fuit les longs raisonnements : ils perdent les auditeurs, font baisser l'audience et n'intéressent que trop peu de monde. Il faut donc aller à l'essentiel médiatique : le buzz. Et lorsqu'il n'y en a pas, il faut en créer un.
Ceux qui veulent exprimer une pensée n'ont pas le choix : leur intervention doit être courte. Ils doivent aller à l'essentiel. Ils ne cherchent peut être pas le buzz, mais ils cherchent à faire passer une idée. Alors ils la synthétisent au maximum : c'est le jeu des formules, des petites phrases. L'approche est identique au buzz : on peut donc aisément les confondre. La seule différence est que derrière la petite phrase d'un buzz, il n'y a rien, si ce n'est un rigolo, alors que derrière la petite phrase d'un penseur, il y a une pensée, un raisonnement, à débattre bien entendu.
Et il semblerait malheureusement qu'on arrive à un point où les journalistes et les medias ne font plus la différence entre les deux. Une pensée n'est plus traitée comme source de débat mais comme un buzz : elle est tournée en ridicule. On ne lui oppose aucune argumentation, juste le rire et la moquerie. On se contente de prendre les raccourcis en imaginant que le penseur a le même niveau que nous, qu'il n'y a rien derrière sa pensée, et que s'il y a quelque chose, c'est une absence de raisonnement.
La manipulation est simple : on prend les mots initiaux, tirés de tout contexte tant qu'à faire, de tout raisonnement, la conclusion suffit largement. Ensuite on fait la pire interprétation possible de ces mots : on projette ces pensées derrière ces mots, on prête ces pensées à l'auteur. Faisant cela, on efface les pensées initiales de l'auteur : elles ne nous intéressent pas... et de toutes façons, elles sont sans doute trop longues à comprendre. Enfin, il est aisé de tourner en ridicule le résultat.
Au final, on ne se moque que de sa propre production, de sa propre pensée. Et on ne s'en rend même pas compte. Voilà où en est notre société...
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