mardi 9 juin 2015

Passionément

Suite d'un article précédent, forcément :) où j'entrevoyais la passion comme un instinct.
En fait, la passion serait un désir instinctif, non raisonné : on a conscience du désir, mais on ne le comprend pas plus qu'on ne l'analyse, on le subit. Le désir nous gouverne alors : nous cherchons à le satisfaire, et forcément, puisqu'il n'est pas dans le champ de la raison, il ne peut être raisonné, il ne peut être contre-balancé que par un autre désir, une autre passion, plus fort.


Ceci explique bien pourquoi beaucoup de philosophes voient l'homme comme l'esclave de ses passions : il ne les contrôle pas, il se contrôle pas. C'est l'inverse d'un homme libre. Il peut être libre de ses mouvements, d'assouvir sa passion... comme un fumeur est libre de vouloir fumer une autre cigarette.

La passion est intense, mais prive de liberté. Tout a un prix.

Pour se libérer d'une passion, il suffit d'analyser et de comprendre son désir. Le désir peut perdurer ensuite, il sera moins intense, davantage maîtrisé, et l'homme pourra alors choisir librement quel désir assouvir en premier. L'inconvénient est que cette compréhension fait perdre beaucoup de saveurs aux choses, la compréhension du désir en détruit en partie le moteur. La compréhension et en fait un moyen d'assouvir son désir, sans profiter de la joie animale qui l'accompagnerait à l'état brut.

Petite illustration autour de la faim :
à la base, c'est sans conteste un désir irraisonné, notre corps a faim, et l'apport de nourriture est une délivrance. Mais maintenant, une fois qu'on a compris qu'on a besoin de nourriture pour entretenir notre corps, pour lui fournir de l'énergie, alors on a créé le rituels des repas. On mange à heure fixe, la raison l'a emporté sur la passion. Ce qui est étrange, c'est qu'on s'enferme dans un cadre pour gagner une liberté face à cette passion.
Mais ceci est réversible : jeûner pendant 3 jours, et vous verrez que la passion de la nourriture va revenir. Vous ne verrez plus le repas comme un rituel : vous l'attendrez, l'espérerez, vous en baverez ! L'intellectualisation du repas comme source d'énergie aura disparu et ne restera plus que le désir primaire. La préparation du repas vous emplira de joie, mais il est probable que dès la première bouchée la raison reprenne le dessus. Question d'entraînement, d'habitude ou de tournure d'esprit je présume.

L'homme épris de liberté fuira les passions et risquera une vie morne et fade,
l'homme passionné vivra une vie intense, sous le joug de ses passions.

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