mercredi 18 mai 2016

L'impératif catégorique

Concept philosophique d'Emmanuel Kant ce soir, qui définit en un sens le devoir de l'homme. Le devoir de l'homme n'est pas d'être heureux, mais d'être moral.
La formulation la plus claire (et la plus connue) en est la suivante :
Agis seulement d'après la maxime grâce à laquelle tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne loi universelle.
Cette formulation permet du coup de définir ce qui est moral, c'est une sorte de généralisation positive de l'encore plus célèbre ne fais pas à autrui ce qu'on ne voudrait pas qu'on te fasse.

Cette conception universaliste est intéressante et permet de juger la moralité d'une action en la poussant dans un extrême. Il est parfois difficile de pousser un raisonnement à l'extrême sans le caricaturer, surtout en jouant sur son intensité. Ici, on le pousse à l'extrême en le multipliant par le nombre. Il s'agit d'imaginer une société où tout le monde agirait comme nous : le résultat en serait il une société meilleure ou pire?
Que se passerait il si tout le monde jetait son chewing-gum par terre, si tout le monde était aussi égoïste que moi, aussi irrespectueux que moi, fraudait autant que moi?
Ce regard universel posé sur nos actes permet de nous pousser vers l'amélioration, mais pas nécessairement vers la perfection : il ne s'agit pas de viser la conduite parfaite, mais de se comparer par rapport à une moyenne universelle. Si on se comporte légèrement au-dessus de la moyenne actuelle, alors la généralisation de notre comportement améliorerait le monde. Ce raisonnement permet aussi de nous responsabiliser : la plupart de nos actes sont sans conséquence à l'échelle du monde, mais si on imagine leur généralisation, alors les conséquences apparaissent facilement. Cette réflexion nous met face à nos responsabilités, elle développe notre conscience.

Cette approche a bien entendu des limites :
Hautement subjective pour commencer. Chacun risque d'imaginer la généralisation de ces propres actions différemment, et appréciera le résultat en fonction de ses propres critères. On perd alors le côté universel.
Très théorique aussi, et inapplicable dans la plupart des cas. Ce concept permet de mieux réaliser la conséquence d'actes infimes, en les mettant sous une loupe, mais il ne permet pas de juger finement de la complexité du monde réel. Ce concept n'apporte que très peu d'éclairage sur les zones grises.
Trop universaliste : elle en oublie l'individu, on s'intègre dans une moyenne, on imagine la généralisation d'un acte, d'une réaction, ce qui fait de nous tous des robots. Elle met de coté les déviants, les exceptions, les héros, les novateurs, les inventeurs, les créateurs, les artistes... alors qu'ils constituent véritablement une richesse.

Bref, plutôt qu'un outil pour aiguiser son sens moral, il s'agit là d'un outil permettant d'augmenter la conscience des conséquences de ses propres actes. Ça reste un bon filtre pour aider à déterminer le bon comportement, mais il reste très imparfait.

Son anti-généralisation est tout aussi puissante je trouve.
Ce concept permet en quelque sorte de poser une borne haute de notre sens moral, en nous poussant à construire activement un monde dans lequel on souhaiterait vivre, en généralisant des comportements positifs.
Son contraire généralise des comportements négatifs, et vise ainsi à poser une borne basse, en nous poussant à nous interroger à partir de quand on jugerait le monde comme invivable, intolérable. Si la généralisation d'un comportement négatif conduit à un monde insoutenable, alors nous combattrons avec davantage de force ce comportement : que ce soit le combattre chez les autres, ou chez nous mêmes, et résister ainsi à la tentation d'y céder.

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