lundi 3 février 2014

Fauve ≠

Il est sorti, leur album ! Un condensé de musique à faire hérisser les poils, à tenir éveiller, à tenir debout !
Dernier morceau découvert au hasard de l'album Vieux Frères,

Requin-tigre
Je me suis mis à déconner complètement...
Y a quelque chose qui a sauté là-dedans, je sais pas...
Je pense que c'est parce qu'inconsciemment...
j'ai eu l'impression de perdre le contrôle
De perdre le contrôle sur toutes les choses dans lesquelles j'étais impliqué...
sur tous les éléments de ma vie...
ça m'a plongé dans un état de colère...
absolument indescriptible... c'était... insoutenable...
C'est comme être enfermé dans une boîte sans lumière...
dans laquelle le temps s'arrête..
C'est comme être dans les limbes en fait...
Tu peux plus aller en avant, plus aller en arrière...
tu peux plus aller dans aucune direction...
T'es complètement bloqué... à l'arrêt, en panne...
t'as les pieds dans le ciment...

Je me suis senti comme un requin-tigre
Vous savez que les requins quand ils avancent plus ils crèvent?...
Et le requin-tigre, c'est le plus agressif...
Quand il est immobilisé, il défonce tout ce qui passe...
Et c'est la même chose avec les loups quand tu les coinces...
Moi je me servais de la musique, et des mots, et de l'écriture, pour avancer...
pour progresser à travers l'existence...
Alors quand j'ai perdu ça ben...
ben j'ai perdu ma capacité à progresser...
C'est comme ça que je me suis mis à gueuler...

Tu peux plus interagir avec le monde
Tu te renfermes petit à petit
Tu deviens totalement hermétique aux autres et au quotidien
parce que le matin quand tu te réveilles et le soir quand tu te couches
quand tu marches, quand tu bosses, quand tu parles, quand tu conduis,
tu te répètes en permanence, en permanence :
"je suis nulle part, je vais nulle part... je suis pétrifié. Et je serai jamais rien d'autre que ça"...

Il faut choisir de pas y penser...
choisir que ça existe pas...
choisir de pas avoir de problèmes avec ça...
il faut sortir...
faut voir ses amis...
et attendre que ça revienne

Tout y est. Etat naturel par lequel nous passons peut être tous, mais sur lequel on communique peu, la perte de repère, le monde qui s'écroule, mais on n'est plus enfant, plus rien ne sert de pleurer et de se rouler par terre, on ne passe plus à autre chose à la première diversion, au premier baiser de sa maman, aux premiers bras qui nous enserrent. L'investissement n'est plus le même, la projection, l'anticipation non plus.
L'obligation d'avancer est là : à chacun de trouver comment avancer, le étant secondaire, impossible à atteindre, par définition : sinon, retour aux limbes..
La découverte de la solitude, l'enfermement, l'isolement et l'aliénation qui va avec, l'obsession.
Et enfin la solution : est ce la seule? la diversion adulte? Celle-ci est positive, même si c'est un divertissement, une sorte de méthode coué, même si elle est exogène (son seul défaut : nécessite d'avoir des amis?...). Mais ce n'est pas une raison pour la dénigrer, c'est peut être LA solution malgré tout, se mettre en capacité d'attendre le retour de la pulsion de vie, l'entraîner par un mouvement artificiel. C'est l'énergie du vide appliqué au psychisme. C'est se réapproprier les méthodes qui fonctionnaient quand nous étions enfant. C'est retrouver cet espoir, cette croyance... et attendre avec cette certitude.


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