lundi 17 février 2014

Donne-moi du poison pour mourir ou des rêves pour vivre

Petite citation du Suédois Gunnar Ekelöf, digne de Shakespeare je trouve, voire même meilleur pour le peu que j'ai lu en V.O...

Vision romantique, donc dramatique de la vie, sans concession, à vivre à 100%, ou à ne pas vivre du tout. La citation est plaisante dans la mesure où elle réveille le romantisme, cette soif, ce besoin de rêve.
Mais la citation nous met presque face à un chantage : les rêves en balance avec la mort...

Certes j'ai envie de rêver, d'avoir des rêves dans ma vie (quoique quand je vois la gueule de mes cauchemars :p), d'avoir des objectifs, des ambitions, des moteurs qui me transcendent et me donnent une énergie quasi inépuisable. Mais dois-je abandonner la vie en leur absence? Je ne serais plus là pour écrire ces lignes si c'était réellement le cas...

Oui la citation est belle, attire par la vision qu'elle offre, la radicalité qu'elle propose. J'aimerai une vie suffisamment passionnée pour faire de cette phrase le résumé de ma vie, mais c'est tellement inconscient, tellement pas moi. Les idées extrêmes séduisent, mais sont rarement applicables, sont rarement subtiles...

Ces sublimes citations sont à prendre comme mantra, pour se donner de l'énergie ou des coups de pied au cul, mais surtout pas à prendre au pied de la lettre. La poésie n'est pas faite pour être réfléchie, elle s'adresse au cœur ou à l'âme, pas au cerveau.

Me voilà une fois de plus coincé entre deux tendances pourtant naturelles chez moi : l'envie de passion, d'absolu, de pureté et l'incapacité à l'appliquer, retenu par la raison, l'anticipation... Opposition classique entre âme et raison, comment satisfaire les deux?
Vivre et réclamer une passion insouciante, aller de rêves en rêves, inconséquemment : c'est tellement pas moi que ça m'attire, c'est tellement pas moi que je ne le serai jamais.
Vivre de manière raisonnable, en anticipant la conséquence de chacun de mes gestes, tellement moi et tellement prévisible, routinier, ennuyant.

Juste équilibre à trouver... une fois de plus... mais voir la vie comme un équilibre ne fait que me replacer un peu plus du coté routinier : le funambule calcule les risques et ses mouvements.
Malheureusement (ou heureusement?) il ne suffit pas de le vouloir, de le décider pour changer ce que l'on est. Je ne peux pas choisir d'être méchant, arrogant ou au contraire généreux et humble demain, je ne peux pas choisir d'être à l'aise en public demain, ou encore plus timide. On passe notre vie à essayer de découvrir qui on est et pourquoi on est comme ça (pour peu qu'il y ait des raisons dans notre enfance, notre éducation...) et ensuite on peut s'évertuer soit à essayer de se changer, petit à petit, avec méthode, rigueur et sueur soit à s'accepter et à vivre en accord avec ce que l'on a découvert : est ce se résigner? En un sens oui... Vivre en accord avec soi-même, quand bien même ceci apporterait un épanouissement complet, une espèce de bonheur béat, on resterait alors dans une sorte de zone de confort, sans évolution, sans révolution. Le bonheur est stable et inerte, il se suffit à lui même, tellement stable qu'il en devient mort...

La solution est peut être de ne pas y penser... trop tard pour moi :)

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