dimanche 11 septembre 2016

L'influence du progrès sur notre manière d'être...

La modernisation de nos sociétés change petit à petit, sans qu'on s'en aperçoive, notre relation aux autres. Cette accumulation de petites choses modifie au final en profondeur notre culture, la définit.
Petit exemple au travers de l'exode rurale (phénomène vieux de quelques siècles maintenant dans nos sociétés occidentales, mais qui se poursuit inlassablement) et plus globalement au travers de l'accélération des mouvements de population.
Comment ce phénomène aide t'il à modeler notre société, nos rapports aux autres?


Commençons par comparer les deux époques : avant et maintenant.
Avant : la plupart des gens mourraient dans le village où ils naissaient, ou du moins à moins de 50 km. Les transports et les richesses individuelles ne permettaient pas vraiment autre chose, pas pour la masse en tout cas.
Maintenant : il est de plus en plus rare de vivre toute sa vie au même endroit. Ceux qui naissent en campagne se tournent naturellement vers les villes, et les citadins bougent de plus en plus facilement. C'est la célèbre flexibilité de l'emploi :)

Ceci n'est pas neutre vis à vis de notre comportement.
Avant, nous grandissions avec un cercle d'amis et de connaissances extrêmement stable.
Maintenant, nous n'avons plus vraiment cette stabilité, en dehors du cercle familiale, qui lui-même se décompose et se recompose de plus en plus.

Avant, notre entourage se consolidait naturellement, il était difficilement pensable de rester isolé (à moins de le mériter aux yeux de la société), la solidarité était aussi naturelle : elle n'est qu'une conséquence de la stabilité et de la longévité des liens qui unissaient villages et familles.
Maintenant, notre entourage est à reconstruire perpétuellement. Si ce n'est pas nous qui bougeons, ce sont les autres. Le mouvement est global et permanent. Il est devenu nécessaire que les liens se tissent rapidement : plus question de grandir ensemble ou d'attendre 10 ans pour prétendre faire partie d'une communauté, connaître une personne, lui accorder une réelle confiance.
D'autres conséquences découlent de cette fluidité des communautés : celui qui ne s'est pas adapté à ce nouveau mode de constitution de groupes risque de se retrouver isolé, seul, même s'il ne le mérite pas : il sera juste inadapté. Ceux qui se seront adaptés auront cette faculté de passer de groupe en groupe facilement, d'accorder leur confiance facilement : soit ils risquent davantage d'être déçus et/ou trahis, par rapport à une situation ou la confiance ne se donnait qu'après avoir fait ses preuves pendant plusieurs années, soit les rapports seront moins profonds, moins intimes...
Autre conséquence de cette volatilité des rapports aux autres : nous pouvons davantage nous montrer tel que nous sommes, le poids de l'appartenance au groupe disparaît. Avant, il fallait nécessairement respecter les règles de notre communauté, pour ne pas se retrouver banni et isolé, maintenant, plus besoin de respecter ces règles : au pire, on change de communauté. Ceci est plutôt attrayant au premier abord, mais je ne suis pas sûr que nous soyons tous mûrs pour cette liberté. Cette liberté dissout aussi le respect, la politesse, l'égard aux autres, les notions de sacrifices... Bref, la liberté apportée par la volatilité des rapports change nos valeurs : nous passons d'un sens communautaire fort (trop fort?) à un individualisme (forcené?).

L'individualisme devient en quelque sorte le sens de l'histoire : il est le fruit du progrès et des libertés nouvelles. Ce sont les contraintes qui lient les humains les uns aux autres, les affinités sont par essence trop volatiles pour créer des liens suffisamment fort pour résister face aux épreuves de la vie.

Bref, le changement de nos modes de vie a entraîné, sans qu'on l'anticipe, une modification de notre rapport au temps et de nos rapports aux autres par rapport à ce temps : tout s'est précipité, tout est devenu plus rapide, par nécessité. Notre rapport au réel, les modes de vis que nous choisissons (inconsciemment) modèle nos comportement et notre personnalité bien plus que notre volonté : il n'est déjà pas évident de le réaliser, ça l'est encore moins d'essayer de changer les choses...

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