mardi 13 septembre 2016

L'évolution de la morale

Regard sur ma propre évolution, sur ma construction de ma morale, et au travers de ce parcours, de l'évolution classique de la morale chez une personne.
J'ai déjà un peu écrit sur le sujet (ici), mais l'envie me reprend :)

Comme toujours, tout commence par l'enfance : on commence par apprendre la morale.

On ne le comprend pas, on l'apprend. On la respecte simplement pour éviter la punition ou pour recevoir des récompenses, on obéit, c'est tout. Cette obéissance nous fait adopter la morale de nos parents, et globalement celle de la société. Et forcément, celle-ci devient partie quasi-intégrante de notre personnalité, étant donné qu'on est né avec.

On comprend ensuite les principes moraux et leur utilité à différents niveaux. Ils garantissent une certaine stabilité, ils cimentent la société, ils permettent du coup de se regrouper, de ne pas se retrouver isolé, ils sont garants d'un certain ordre et de la sécurité qui en découle. On peut alors adopter ces principes par pur conformisme, pour faire partie de la société, ou par adhésion sincère à ce contrat social. Le cheminement reste proche, il en va de notre intérêt personnel dans le collectif.

Ensuite nous pouvons prendre du recul et de la distance par rapport à ces principes, en adopter certains, en rejeter d'autres, issus d'un autre temps, d'une autre société. On va commencer à faire son marché, à se forger sa propre morale, en sélectionnant les principes qui guideront notre conduite. C'est le premier pas vers l'émancipation, mais pas le dernier.

Vient ensuite la capacité à se séparer des principes. Les principes sont une bonne chose : ils donnent un cap, une direction, mais se contenter de les appliquer sans réfléchir, c'est perdre sa responsabilité, sinon perdre son âme. L'application à la lettre de principes conduira toujours à certaines situations ubuesques ou le résultat obtenu sera contraire à celui souhaité. Il ne faut peut être pas se séparer des principes, ça serait perdre les phares qui nous illuminent dans la nuit, mais il faut garder à l'esprit qu'ils peuvent être malléables, qu'il faut les hiérarchiser, et que cette hiérarchie peut naturellement amener à faire des entorses aux principes jugés moins important.

Petit cas concret, car j'ai l'impression de me noyer dans la théorie : prenons le principe de ne jamais mentir. Apparemment ce principe est bon, et sans doute très répandu (à défaut d'être respecté à la lettre :) ). Pourtant, son application à la lettre peut conduire à des dénonciations, à blesser des personnes... Exemple extrême connu : ne pas mentir conduit à l'incapacité de cacher des juifs pendant la seconde guerre mondiale...

Bref, l'application brute de principe nous transforme sans doute en homme intègre, mais nous épargne tout jugement, tout choix personnel. Et c'est bien là leur côté séduisant. Mieux vaut être toujours capable de remettre en cause un principe au vu d'une situation concrète, de son analyse. Les principes qu'on adopte nous donne un éclairage sur cette situation, mais ne doivent pas nous priver de la réflexion, et du choix à faire (et à assumer ensuite).

Ces entorses que l'ont est amené à faire à nos principes petit à petit nous permettent au final de hiérarchiser nos principes ou nos valeurs. On fera toujours une entorse au nom d'un principe supérieure, au nom d'une valeur supérieure, au nom d'une raison supérieure. L'obéissance aveugle à un principe sera toujours moins fort que la moindre raison consciente.

Pour finir, j'arrive enfin à l'idée qui a fait naître cet article dans ma tête, c'est l'idée selon laquelle on peut placer la bienveillance au-dessus de tous nos principes moraux sur le bien et le mal. Le bien et le mal sont des notions abstraites et manichéennes, la bienveillance est généralement perçue plus rapidement. On peut se tromper dans nos choix bienveillants, mais on est capable de juger nos intentions en temps réel par rapport à ce critère : suis je bienveillant, neutre/indifférent ou malveillant dans ma décision, dans mon comportement? envers qui? Si la bienveillance est avant tout tournée vers moi même, alors c'est peut être simplement une forme d'égoïsme...

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