jeudi 26 septembre 2013

Persévérer dans l'erreur ou tourner la page?

Petite réflexion tirée, inspirée plutôt, d'une lecture (Je suis vivant et vous êtes morts -joli titre- de E. Carrère)...

Quelle est la meilleure règle de conduite à adopter?
Persévérer sur une première impression, un premier avis, s'accrocher à une idée en se disant que c'est la bonne, et que le temps le prouvera... quitte à se tromper et à finir par persévérer diaboliquement dans une erreur?
Ou bien se hâter de tourner les pages, de passer à autre chose, de sauter sur une nouvelle opinion, un nouveau plaisir, un nouveau désir tel un Don Juan passant de passion en passion, quitte à transformer sa vie en une succession de pages hâtivement tournées (la formule n'est pas de moi, j'aurais aimé.. mais non)

Stabilité contre éphémérité, sécurité contre mouvement, continuité contre renouvellement.
Le problème dans la vie, c'est qu'il n'y a pas de bonne réponse. Chaque décision, chaque comportement a son bon côté et son mauvais côté. Ce qui fait que chaque choix est attirant à sa manière. C'est aussi ce qui fait la richesse de la vie bien entendu.
Et l'esprit cartésien cherche généralement à comprendre les choses, à les classer, à les disséquer pour pouvoir ériger des lois, des principes. Cet angle d'attaque semble avoir fait ses preuves dans tous les domaines scientifiques, dans notre maîtrise de la nature, et du coup, on l'a naturellement généralisé à d'autres domaines... mauvaise idée. Il n'est pas applicable partout, ou disons à minima que la complexité peut rendre cette approche totalement inefficace!
Ça aurait un coté rassurant de se dire qu'une fois le problème bien posée, on peut adopter une règle de conduite, et s'y tenir : ça apporterait une certitude à notre vie, à notre comportement. Le problème vient du fait que cette recherche est vaine d'après moi... et nous conduit au final à passer notre vie perdu dans la réflexion sur la voie à choisir. A ce compte là, on peut se demander s'il ne vaudrait pas mieux en choisir une et s'y tenir. Certitude ou pas.

En fait, je pense qu'il y a une solution à ce problème, en fait il y en a même deux :)
La première est donnée quelques pages plus loin dans le livre. Les généralités sont une illusion, rien n'existe en général, il n'existe que des choses (et des situations) particulières. Ça, c'est le point de vue du sage, qui a dépassé ses interrogations et accepte pleinement sa vie, ses variations et sa complexité. Faire preuve en toute situation d'esprit critique, remettre en cause constamment ses choix passés, et donc n'avoir aucun principe, aucune ligne de conduite prédéfinie, pas même les plus évidentes (faire le bien...)
L'autre solution consiste à choisir ses principes : non pas parce qu'après une réflexion on aura trouvé que ce sont les meilleurs, que c'est la véritable voie à suivre, l'unique. Ceci est impossible, le doute sera toujours là avec cette approche. Choisir ses principes parce qu'on a ce pouvoir, cette possibilité : on peut choisir ce qu'on voudrait être. Pas forcément ce qu'on est, car on vouloir n'est pas pouvoir. Mais choisir ce qu'on voudrait être est déjà pas si mal, c'est même l'essentiel, c'est se doter soi même de principes qui gouvernent notre monde : quelle différence entre notre monde et le monde? Aucune, notre subjectivité est reine, nous sommes par définition le centre de notre monde, notre monde s'arrêtera sans doute avec nous. Je ne prône pas l'égoïsme en disant cela, je prône le pouvoir et la responsabilité qui est liée. A nous de choisir les principes que nous voulons voir gouverner le monde, puis à nous ensuite d'essayer de vivre selon ces principes, ces valeurs morales : vérité, amitié, entraide...

Au final, la solution reste un mélange d'approches : au cas par cas dans certains cas, et par principe dans d'autres cas. Croire que la sagesse consiste justement à être capable de distinguer les situations est ce déjà un premier dans l'illusion du classement, de la généralité? Pas vraiment, car je pense qu'on touche à la définition de la sagesse là : notion idéale. Et quand bien même, on peut faire le choix de ce principe :) et s'évertuer à trouver cette sagesse, à chercher sans arrêt à distinguer les choses.. que ce soit dans leur généralité ou dans leur singularité. L'approche est simplement paradoxale, donc humaine :)

Il n'y a pas de bonnes réponses, mais la bonne nouvelle, c'est qu'il n'y pas de mauvaises réponses non plus. Il n'y a que des essais, des tentatives, des choix, des chemins à emprunter, pour un temps ou pour une vie.

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