mardi 22 janvier 2013

Que suis je?

ou qui est "je"?

Mon ressenti et mes lectures découpent ce JE en trois entités à la fois distinctes et entremêlées :
- l'esprit : celui qui pense, qui analyse, qui met en mots tout le reste : ce qu'il perçoit, ce qu'il ressent, voire même son propre fonctionnement. L'esprit est sans doute à rapprocher de la conscience : conscience de soi, de son existence et conscience de l'univers
- le corps : celui qui agit, celui qui touche, celui qui vit, qui respire, qui fait l'expérience du présent et de la vie
- l'âme : celle qui ressent, la source de nos sentiments. En l'étendant à nos pulsions, on peut sans doute rapprocher ce concept de l'inconscient.

La séparation semble nette, mais elle est nécessairement floue, ne serait ce que pour permettre des échanges d'une dimension à l'autre. Et l'expérience de la vie est sans doute ceci, cette convergence de trois plans qui arrivent à cohabiter dans un "corps". Le corps a peut être cela de merveilleux : il permet les échanges et est le vaisseau (unique?) qui permet ce miracle. Certains courants commencent à voir le corps (et le cerveau) comme un récepteur, un filtre qui permet à l'esprit et à l'âme de s'ancrer dans le réel, d'y prendre part. Sans le corps, l'esprit et l'âme ne feraient pas la même expérience du réelle. Donc le corps est peut être plus "simple" que l'esprit (et encore, quand on voit sa complexité, son ADN...) il est l'élément "centrale" de la vie, celui qui nous lie au réel. Profiter de la vie, c'est profiter du réel, de l'expérience, de l'expérience du corps.

L'esprit se pose rapidement comme "tour de contrôle" des deux autres concepts : l'esprit ne les contrôle peut être pas (ou très imparfaitement... ce qui est normal, car une partie qui serait entièrement soumise à l'esprit ne serait qu'une extension de celui-ci, une partie de celui-ci), mais il est capable de les analyser, de réfléchir dessus, d'essayer d'en comprendre les mécanismes.

Ma vision laisse par contre de la place à l'âme, ce qui est peut être discutable, mais je ne vois pas la source de nos sentiments dans l'esprit. Notre esprit peut essayer de déchiffrer nos sentiments, peut tenter de les expliquer, de les raisonner. Mais je reste persuadé que le coeur a ses raisons que la raison ignore :) Considérer l'âme comme inconscient apporte aussi une certaine logique : l'inconscient peut être vu comme le stockage des évènements du corps dans l'âme, sans passer par l'intermédiaire du cerveau, de l'esprit. L'inconscient et les sentiments sont l'expérience de la vie faite par l'âme.

Cette vision laisse malgré tout place à de nombreuses questions (ça serait trop facile sinon).
Notamment ou placer la création et le libre arbitre? Plutôt dans l'esprit ou dans l'âme? Les placer dans l'âme reviendrait à considérer l'esprit comme simple exécutant, simple machine à penser, à dérouler la logique. Mais resterait malgré tout la conscience. L'esprit serait juste là pour permettre d'admirer et de prendre conscience du monde, de sa beauté, de celle de la nature, de l'univers. Certains y voient le but ultime de l'univers. Un peu narcissique tout de même...
Autre question, liée en un sens : l'esprit arrive t'il à analyser les sources de ses propres pensées? Personnellement, je n'arrive pas à remonter le fil de mes pensées pour en voir la genèse  je n'arrive pas à penser plus vite que ma pensée et à "voir" la formation de mes phrases dans ma tête. Ce qui milite à mon sens soit pour placer la créativité dans l'âme, soit pour créer un quatrième concept, qui serait source de l'esprit. Mais à la limite, on pourrait appeler ceci esprit, la raison n'étant que l'expression de cet esprit vu à travers ses effets, à travers le filtre du cerveau.

Autre définition intéressante du "JE" : définition par la négative, le "non je" est tout ce qui m'échappe. La table m'échappe car je ne peux pas la faire bouger comme je fais bouger mon bras : elle n'est pas une extension du JE, elle n'en fait pas partie. Mais à ce petit jeu là (qui au passage se rapproche du "je pense donc je suis") il ne reste plus grand chose du JE :
Le corps m'échappe en partie. Est ce un simple manque d'entraînement? Puis je contrôler totalement mon corps si je me concentre ou m'entraîne suffisamment? Pas sûr...
Idem pour les sentiments : puis je réellement les contrôler? Je peux sans aucun doute contrôler ma réaction face à des sentiments, mais contrôler leur apparition? Pas sûr...
Enfin, l'esprit lui même échappe à l'esprit : je ne contrôle pas l'apparition de mes pensées. Le pourrai je? Si oui, me transformerai je en robot ou en Dieu?
Du coup il reste quoi? Rien... tout... les frontières sont flous. Peut on en arriver jusqu'à dire que JE est en tout, que nous ne maîtrisons rien totalement (ni le corps, ni les sentiments, ni notre propre esprit) mais que rien ne nous échappe totalement, et que tout nous affecte plus ou moins. Nous serions bel et bien le reflet de l'univers, de dieu...

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