jeudi 10 janvier 2013

Cynisme

La voie du fou, fondée par Antisthène, et représentée par Diogène.
Sans doute l'école la moins connue, ou en out cas la moins respectée.
Je vais peut être lui redonner quelques lettres de noblesse ce soir ;)

Essayons de détacher ici aussi les idées de bases :
- la nature est vertueuse, c'est le modèle. Le modèle de l'homme devient l'animal, qui cherchera à s'écarter de la corruption portée par la société.
- cesser de vivre selon les lois de la société, c'est devenir libre : pré-requis à la sagesse.

Le cynique choisit de devenir fou : c'est un fou conscient. Platon disait de Diogène que c'était Socrate devenu fou. Cette folie permet de retourner à l'état animal, et permet d'échapper à la société malade, qui nous force à subir le regard des autres, à nous plier à des conventions artificiels et fait de nous des êtres asservis.

Le cynique ne reconnaît aucune autorité. Un de ses modèles est Heracles/Hercule qui ne se laisse dicter sa conduite par personne, pas même par les Dieux.

Transgresser les lois de la société, c'est devenir libre, c'est cesser de chercher l'approbation de l'autre dans son regard, c'est échapper au besoin de lire dans le regard d'autrui une justification de notre être : le fondement de notre être disparaît. Cela nous met face à notre angoisse de notre propre néant. Toute vanité disparaît... et les maux associés aussi. La liberté n'est vu que comme une étape vers un état vertueux, l'état de Nature.

Une autre valeur du cynisme est l'autosuffisance (liée à la liberté) : le sage est capable de se contenter du minimum, ainsi il ne lui manque jamais rien. Une espèce d'épicurisme extrême dans l'abstinence et la frugalité. Il ne recherche aucune richesse, aucune gloire, aucun privilège, ne possède rien, pas même de maison et se contente des nourritures les plus simples et de mendicité. Il refuse réellement tout ce qui n'est pas absolument nécessaire.

Le cynisme se présente comme la voie la plus courte vers la vertu : le simple fait de vivre suffit à devenir sage, pas besoin de longs discours ou de belles théories. Ni ceux-ci, ni même aucun savoir n'ont de valeur, les actes suffisent. La preuve par les faits, et non par la parole. D'où l'usage de courtes maximes sibyllines et ironiques.

Pour les stoïciens (élèves du cynisme), c'est la voie la plus directe vers la sagesse : elle permet de trouver sa place "naturelle" dans le monde, mais c'est aussi son contraire en un sens avec la dévalorisiton complète de l'esprit, des théories, quelles qu'elles soient. On retrouve aussi du scepticisme au travers de la désinvolture prônée  de l'asservissement à aucune valeur, à aucune vérité.

Courant très séduisant par certains cotés : le cynique est un homme libre, il est l'homme libre, sur-homme capable de s'auto déterminer en faisant fi des valeurs qui l'entourent, en faisant fi du regard d'autrui (déjà donné comme source de malheur, ou en tout cas d'asservissement). La base est encore une vérité que tout le monde acceptera sans trop de problèmes, mais l'application de l'idée laisse à désirer, elle devient extrême et plonge dans la mendicité... guère attirant. Ce refus complet de la société plonge aussi le philosophe dans une certaine solitude : refuser la société, c'est refuser, je crois, le coté social de l'homme. Je ne crois pas que ce soit la voie à suivre. Et encore une fois, c'est une définition négative : on ignore la société, on ignore nos entraves, notre raisonnement... pour laisser place à quoi? à la nature, qui n'est nullement expliquée. Cette nature est peut être le corps, le coeur, mais la la notice brille par son absence, une fois de plus. Pour laisser place à l'expérience, à la vie aussi, mais le constat reste le même, le silence reste le même, même si on peut entrevoir des réponses positives derrière ce qu'il reste, ce n'est pas du tout mis en avant...


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire