dimanche 8 juin 2014

Altruisme moral et égoïsme matérialiste

Petite digression à ma propre réflexion, encore dans les limbes de mon cerveau, d'où l'intérêt de passer par écrit : y voir plus clair pour mieux avancer.

Petites définitions pour commencer sur de bonnes bases.
L'égoïsme est l'attitude extrême qui consiste à ne penser qu'à soi, sans tenir compte des autres. En tenir compte, même après soi ne relève plus vraiment de l'égoïsme.
L'altruisme est l'inverse : la disposition à faire passer l'intérêt des autres, avant le sien, de manière désintéressé.

Ces deux définitions ne sont que des concepts, des archétypes : personne n'est ni égoïste ni altruiste. On l'est plus ou moins, selon les circonstances, selon les personnes auxquelles on se compare.
On peut rajouter une infinité de nuances entre les 2 extrêmes, certaines étant plus intéressantes que d'autres à observer :
L'égoïste soucieux des autres est une personne en apparence égoïste, qui prend des décisions dans son propre intérêt, mais sans le faire au mépris des autres. Son calcul prendra davantage en compte son intérêt que celui des autres, certains le comprendront, mais la plupart non. Dans certains cas, il pourra même se montrer naturellement altruiste, son intérêt ne faisant plus le poids dans sa balance pondérée face aux malheurs qu'il pourrait provoquer.
L'altruiste par calcul, intéressé, mais indirectement. C'est peut être le pire :) A l'extrême, c'est un égoïste intelligent, manipulateur, prêt à toutes les bassesses pour arriver à ses fins, y compris celle de passer pour un gentil :) Ses dons ne seront jamais désintéressés, mais il espérera toujours une juste compensation, un juste retour des choses : et sans ce retour, il deviendra aigri, frustré. Parfois ce retour peut être faible par rapport au don, il peut s'agir d'une simple reconnaissance, d'un simple merci... Et là, chacun commence à se reconnaître un peu, on s'écarte un peu du manipulateur, mais on reste intéressé. Celui qui se vante de son acte charitable n'est pas véritablement altruiste s'il le fait pour la reconnaissance, s'il le fait pour se faire remarquer, pour sortir du lot. La réaction face à l'absence de remerciement est un bon juge, la frustration est le signe d'un intérêt. Mais bon, il ne faut pas plus caricaturer mes propos que je ne le fais déjà : si le seul retour exigé est un remerciement, on n'est plus qu'à un pas de l'acte désintéressé. Mieux aurait valu un remerciement espéré qu'exigé, la nuance s'amenuise...

Enfin, arrivent les deux catégories les plus intéressantes, les plus subtiles. Lorsque l'intérêt personnel se dégageant d'un don altruiste n'est pas matériel, mais purement moral. Et là encore je distingue deux intérêts différents : l'intérêt individuel et l'intérêt collectif.
Un intérêt individuel peut conduire à être altruiste : il s'agit de règles de conduite que l'on se fixe, de principes personnels auxquels on ne veut pas déroger. Enfreindre ces règles individuels conduirait à renier une partie de sa personnalité, de son identité, et conduirait à plus ou moins long terme au dégoût de soi-même. Quelqu'un qui a décidé d'être généreux par exemple, et qui se force à l'être à tout prix, pour ne pas se décevoir serait dans cette situation. Un don pourrait lui faire mal au cœur, mais tant que ce mal reste moins fort que le mal de ne pas le faire, alors il agira de manière altruiste, avant tout intéressé par la stabilité de sa personnalité. Ce n'est plus un altruisme par nature, mais par volonté. Pas sûr qu'il soit moins appréciable.

Enfin, un intérêt collectif peut conduire à être altruiste. Il s'agit d'un calcul simple, qui consiste à se voir comme acteur de son monde. Par son geste altruiste, cette personne n'exige (et n'espère) rien pour elle en retour, elle espère par contre que son geste puisse servir d'exemple, et puisse être reproduit dans la société où il évolue. Il construit le monde dans lequel il a envie de vivre, ou alors, la contraposée : il ne supporterait pas de vivre dans un monde où personne ne ferait ce geste désintéressé.

Dans les deux derniers cas, on peut donc trouver un intérêt important au geste altruiste, un intérêt vital même. Mais cette importance ne se mesure que dans le domaine moral ou éthique, et il ne faut surtout pas, sous ce prétexte, arriver à confondre altruisme et égoïsme. On peut toujours trouver un intérêt à tout : l'homme est doué de raison, donc il s'en sert. On peut toujours trouver une infinité de nuances permettant de relier deux extrêmes, mais il ne faut surtout pas en arriver à confondre les concepts de base, sinon c'est la fin de tout, à commencer par la fin du bien et du mal (même si ça reste des notions floues, s'appliquant mal au réel...)

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