samedi 6 avril 2013

Tendre l'autre joue.. ou pas

Petite réflexion tirée de Confucius (j'y peux rien si je me fais influencer par mes lectures), selon laquelle il faut répondre par la rectitude à l'inimitié et à la vertu par la vertu.

Attitude moins naïve (moins généreuse?) que celle prônée traditionnellement par la religion, où il faut être vertueux en toute circonstance, quitte à tendre l'autre joue en cas d'agression.
Ceci a un double objectif :
- rester fidèle à ses convictions, être bon, en paix avec sa conscience
- être un modèle, exemplaire, au sens premier : être l'exemple à suivre. On espère répandre ainsi son mode de penser, ses convictions.
Mais cette attitude ne prend pas assez en compte l'aspect psychologique de la chose, que ce soit au niveau de l'individu exemplaire ou des autres. La non-différentiation du comportement vis à vis d'une agression ou d'un geste amical pose différents problèmes : frustration chez l'exemple et injustice chez les autres, épuisement chez l'exemple.

Nous ne sommes pas Dieu, notre capacité à aimer est finie, il est nécessaire de choisir à qui offrir notre amour, notre générosité, notre bonté... Il ne faut pas gaspiller cette ressource, il ne faut pas l'épuiser et nous épuiser.
Différencier notre réponse, refuser notre vertu à certains, permet aussi de remettre en avant les valeurs de justice et de mérite : qui sommes nous pour juger? Nous sommes celui qui dispense nos bienfaits. La pédagogie de l'exemple sera un peu meilleure aussi : moins de sentiment d'injustice et changements progressifs pour passer de l'inimitié à la vertu. Il faut avoir conscience de nos limites, et avancer par étape, faire avancer les autres par étapes.

Bref, il s'agit de la voie du milieu, entre la loi du talion qui n'invite pas au progrès, à la réflexion, au changement et la loi du bisounours, qui ne fera évoluer que ceux qui y sont déjà prédisposés, qui sont déjà relativement vertueux.

Cette règle là est plus tolérante avec nous-mêmes : nous avons le droit de ne pas être gentil avec tout le monde, nous avons le droit de ne pas aimer tout le monde, nous avons le droit de fuir certaines personnes nocives, de les juger indignes de notre amour, de nos bienfaits. Ce qui revient à nous juger trop humains pour être capables de les aimer, et considérer que la meilleure aide que nous puissions apporter aux autres et à nous mêmes, dans l'ensemble, consiste à laisser certaines personnes de côté et à nous concentrer sur d'autres...

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