mardi 28 juin 2016

On ne connaît que les choses que l'on apprivoise...

On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. 
Tout le monde aura reconnu Antoine de Saint-Exupéry.
Et c'est là qu'on voit soit que le monde ne change pas tant que ça, soit que les grands auteurs sont de grands visionnaires : la première publication date quand même de 1942 ! Alors qu'elle semble terriblement d'actualité dans son propos : société de consommation où tout va à 100 à l'heure, où plus personne ne prend la peine d'approfondir quoi que ce soit, où l'on veut tout tout de suite et où l'on se désespère du manque de liens humains. On croirait y voir notre société moderne ou la description des effets pervers d'internet.

1942 ! L'idée d'internet n'existe même pas, pas plus que les ordinateurs, les télévisions n'ont pas encore envahi les foyers... C'était un autre temps, certains le regardent avec nostalgie et le décrivent comme un passé doré, un temps où la solidarité existait encore, et était une obligation, où les liens entre les membres d'une communauté étaient puissants, où la mondialisation n'existait pas, et où le commerce était encore de proximité, créant des liens. La société de consommation n'avait pas encore été inventée à cette époque ! Et pourtant, le diagnostic est posé ! Le mal est déjà là, identifié...

A défaut d'être visionnaire, Saint-Exupéry devait être un fin observateur de la société pour percevoir déjà ces travers. Mais surtout, l'âge de cette citation  nous replace dans notre histoire : même ça, nous ne l'avons pas inventé ! On pourrait croire qu'il s'agit d'un mal moderne, d'un nouveau maux à traiter, face auquel nous ne pouvons rien de part sa nouveauté, mais il n'en est rien. Nous n'avons fait que le prolonger, et peut être le renforcer. Nous sommes perpétuellement aveugles et impuissants face à nos maux, et nous avons en plus la vanité de croire que nous sommes les premiers confrontés à ceux-ci...

La citation est suffisamment longue et claire pour ne pas mériter de commentaires : que rajouter de plus ? On peut par contre se demander à quelle époque se comparait Saint-Exupéry dans son récit, quel était son âge d'or où les hommes prenaient le temps d'apprivoiser le monde qui les entourait, et particulièrement les autres hommes?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire