samedi 11 octobre 2014

Le défi de la solidarité moderne

Solidarité, sorte de traduction laïque de la fraternité, issue à la fois de l'empathie naturelle, du sentiment d'appartenance à un groupe, d'une envie, d'un besoin de réciprocité.

Pourquoi est elle mise à mal maintenant?
Simplement parce que ses fondements ont été plus que touchés. La vision du monde a du changer en route. L'individu est devenu central, on recherche avant tout le bonheur individuel. L'empathie perd de sa force.
Les communautés volent en éclat : certaines résistent mais sont généralement pointés du doigt, le communautarisme est devenu une insulte. Les seules qui semblent être acceptés sont les communautés jetables, voire virtuelles. L'implication y est moindre, nécessairement : la règle est la rapidité, pas nécessairement la sincérité, pas le temps d'aller si loin dans la découverte de l'autre.
L'envie et le besoin de réciprocité : je me demande si certains y croient encore. C'était une règle tacite de la vie en société (vie en communauté?) : l'entraide. On préfère maintenant s'appuyer sur des assurances : pas nécessairement plus fiables, assurément moins humaines et tellement moins exigeantes.

En caricaturant un peu, on peut découper le monde moderne développé en 3 catégories : les riches, les pauvres, et l'entre deux.
Les riches sont tellement riches qu'ils se croient à l'abri du besoin. Au pire, ils comptent sur eux-mêmes. Assurance, placement, couverture... leur jeu consiste plutôt à essayer d'échapper à la solidarité, car ils se voient simplement dans le rôle du donneur. Pourquoi être solidaire quand on est au sommet de la pyramide? Vaut il mieux compter sur soi-même, ses capacités, ses assurances, son intelligence, ou sur la solidarité des autres en cas de coup dur? Le calcul semble être vite fait, et l'évasion fiscale est là qui leur tend les bras...
Les pauvres ont un très mauvais rôle. Résultat de notre société passé, ils arrivent à s'en sortir. On ne laisse pas un homme mourir de faim, on ne laisse pas un homme sans toit, on ne laisse pas un homme sans de quoi assurer une vie décente. Quelques marginaux échappent encore à ces filets protecteurs, mais ils sont marginaux :)
La pauvreté ne semble plus si difficile à vivre que ça : et c'est bien là le problème. Car pour l'entre- deux, la classe moyenne, le tiraillement est là. Au-dessus d'elle, des gens qui se croient au dessus des lois, qui sont diablement riches et arrivent à échapper à la solidarité imposée par l'état : l'impôt. En-dessous, les pauvres, qui malheureusement ne semblent plus si pauvres que ça, même si la pauvreté ne fait qu'augmenter en France, les images sont toutes autres (images distillées dans l'inconscient collectif par les médias? ou reflet réel de la société?). Le système D fonctionne toujours chez certains pauvres : petites fraudes, travail au noir, petite délinquance quand ce n'est pas un peu de deal. C'est certainement (et malheureusement) une minorité, mais c'est la minorité visible, voyante, mise sous les feux de la rampe.
[Putain, à me relire on dirait un vieux réac de droite ! Ça fait peur, alors que j'essaye juste de comprendre où la solidarité a foutu le camp et comment la faire revenir...]

Bref, le défi est là : comment recréer cette envie de solidarité au niveau de l'état -pour commencer?
Le pire est que je pense que la réponse est simple : le monde se rend bien compte qu'il part en sucette, tout le monde cherche une solution qui permette de repartir dans le bon sens, qui donne un sens à tout ça (mais sans faire de sacrifice individuelle...). Solution simple : redonner à chacun l'impression directe de l'utilité de sa participation de son impôt. Un système trop complexe devient opaque et permet toute forme de corruption, d'échappatoires ou de fantasmes. Un système efficace doit aussi permettre à chacun de profiter par moment de l'efficacité du système (éducation, santé, sécurité...les sources ne manquent pas!). Et le plus délicat vient sans doute de la dernière partie : soit nous admettons comme chez les fourmis qu'une partie de notre population doit être purement oisive, soit nous le refusons et devons adopter une position de solidarité ultra-austère, et peut être sur contrôlée.
Culpabiliser les pauvres et croire / faire croire que c'est de leur responsabilité s'ils en sont là est absurde, ça tient aussi à la chance, mais vouloir compenser totalement cette malchance par des mesures sociales est tout aussi absurde : on en viendrait à les envier !
C'est quelque chose que la société n'aurait pas du perdre de vue : mettre en avant les modèles à envier, poser les valeurs fondamentales.

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