lundi 26 mai 2014

Qu'est ce que j'attends?

Suite (ou résumé) d'une petite discussion récente... qui m'ouvre un peu les yeux sur mon fonctionnement (ça fait peur)

Question fréquente pour évaluer la motivation ou l'attachement d'une personne, son ambition, dans différents domaines : qu'attendez vous de votre travail? d'une relation? de votre banque? de vos amis? de la vie?

Je n'avais jamais réellement compris cette question, et ne trouvais rien à répondre , alors je répondais "rien". J'ai enfin compris le quiproquo !

Je suis juste, parfois, très terre à terre, je suis pointilleux et très attaché aux définitions. Conséquence directe, une fois qu'une chose est clairement définie, tout ce que j'en attends c'est que la chose soit conforme à sa définition, rien de plus. Je n'ai aucune attente au-delà de la définition (sinon ça reviendrait à dire qu'il faut changer la définition, ou que l'objet n'y correspond plus...)
Qu'est ce que j'attends d'une chaise?
Bah que ce soit une chaise, et que ça reste une chaise une fois que je m'assois dessus. Je n'attends rien de plus : pas besoin qu'elle soit particulièrement belle, confortable, ajustable
Idem pour une relation : j'en attends juste que ce soit un échange, à différents niveaux : intellectuel, émotionnel, ludique, ce qui sous entend une écoute mutuelle et un respect mutuel, avec une certaine fiabilité, voire loyauté et d'autres choses selon la nature de la relation comme l'empathie, la solidarité... Mais je n'attends rien d'autres.
Et si l'objet ne remplit même pas les critères de sa définition, alors c'est que la définition n'était pas légitime, depuis le début.

La véritable question à poser, à mon sens, est celle du choix et de ses critères : le choix est plus important que l'attente, en tout cas pour moi qui ne vois que la définition dans l'attente. Et partant de là, il devient juste aberrant d'avoir en tête des attentes différentes de la définition même de l'objet, ça reviendrait à nier la réalité, à faire comme si elle ne s'imposait pas à nous. La réalité, il faut faire avec.
L'autre question qui aurait du sens pour moi est justement de définir les concepts utilisés : que chacun définisse la chaise, le travail, la relation, plus les notions seront abstraites et complexes, plus les définitions verront apparaître des différences.
Les critères de choix, le mode de sélection montrent davantage de choses, ils prennent en compte le contexte (typiquement l'offre pour le travail ou la chaise...), les moyens (quel est mon diplôme, mon budget...) et d'autres critères allant au delà de la définition, donnant un aperçu sur la manière de voir les choses, sur les goûts, les préférences, les priorités, sur la subjectivité de la personne (le temps de trajet pour le boulot, les RTT, la couleur de la chaise...)

Petit aparté : Ça me fait bizarre de me rendre compte de cette ambiguïté seulement maintenant, j'ai un peu l'impression de passer pour un autiste, incapable de comprendre le second degré, ou des attentes implicites dans une conversation simple, incapable de déchiffrer des signaux classiques.

Maintenant, qu'est ce que j'attends d'une chaise? Comment je la choisis? Selon un rapport qualité/prix qui est subjectif, d'un point de vue utilitaire (je n'en achète que parce que j'en ai besoin : pas pour changer les miennes qui sont démodées...) sans perdre trop de temps donc à me décider, visant enfin, en dernier lieu une certaine harmonie dans mon appartement : à commencer par essayer d'acheter des chaises identiques :)
Là c'était facile...

Qu'est ce que j'attends de mon travail? humm.. idéalement, j'aurais dit que je m'épanouisse dedans, que ce soit comme une passion. Mais bon, ça c'était ma vision naïve de quand j'avais 5 ans. Il y a longtemps que j'ai fait une croix dessus. Le choix se fait aussi de manière très limité : l'offre est limité en regard de mes compétences, de ma situation... mes critères suivants vont faire une forme de sécurité, de stabilité, de confort (temps de trajet, horaires...) , cherchant aussi un environnement serein et sain, voire amical (mais bon, critère difficile à évaluer) et permettant à la limite de rendre service (mais bon c'est presque dans la définition ça : un travail doit servir un objectif, doit servir à quelque chose)

Qu'est ce que j'attends d'une relation? Comme pour le travail, l'offre est limité par rapport à mes compétences :) Inutile de se leurrer :) Comment se fait le choix ensuite? En grande partie au feeling (synonyme de sentiment, ressenti), bref, totalement arbitraire, inexplicable et subjectif. Le choix se fait aussi en partie via un principe de disponibilité : les 2 personnes doivent avoir un degré de disponibilité commun, mais ceci rejoint à la fois le critère de l'offre, et presque la définition même de la relation : si une personne n'a pas de temps à consacrer à la relation alors celle-ci s'évanouit en quelque sorte... Mais le sentiment de réciprocité est important. Les autres critères, j'ai l'impression relèvent d'un peu d'égoïsme ou d'égocentrisme : il s'agit d'évaluer l'apport de la relation, que ce soit lié à la qualité des échanges, à ce qu'on peut en retirer : connaissances, divertissements, soutien, rires, bonheur... Mais bon, tous ces critères se mesurent généralement à posteriori, et n'influencent pas vraiment le choix d'une relation, mais lui donne son importance. Si ces critères interviennent dans le choix, c'est que la relation est intéressé, sa définition même change avec ce qualificatif.

Je reste un peu sur ma faim avec cette réflexion, ne trouvant que peu de réponses, mais c'est peut être juste le signe que nous ne maîtrisons que peu de choses en fait, que tout ceci relève de la contingence, au moins en grande partie. Suis je réaliste ou défaitiste de penser ça?

Autre question peut être plus pertinente que l'attente, celle de l'engagement ; que suis je prêt à faire m'inscrire dans une relation, dans mon travail, ou dans une chaise? Pour lui permettre de durer, ou de vivre intensément... Ce qui, à l'instar des critères de sélection, nous rapprocherait en fin de compte des objectifs que l'on se donne au travers des moyens qu'on est prêt à y consacrer. Avec ces 4 facettes d'une même chose (définition, critère, objectif et moyen) on devrait commencer à mieux pouvoir la cerner...

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